La méditation de présence attentive et ses bienfaits (Partie 1)

Ce qu’il y a d’enthousiasmant dans la méditation de présence attentive, version 21e siècle, c’est qu’elle opère un véritable rapprochement des pensées occidentales et orientales, spirituelles et rationnelles. Le temps n’est plus au scepticisme : la science la plus avancée vient confirmer ce que nous enseignent depuis des siècles les sagesses ancestrales.

Pour ma part, c’est la rencontre avec le docteur Jon Kabat-Zinn qui a été décisive. Ce docteur en biologie moléculaire, professeur de médecine émérite au fameux MIT (Massachussetts Institute of Technology) travaille depuis plus de vingt ans, avec le Center for Mindfulness in Medicine, Health Care and Society qu’il a créé, démontre, études scientifiques à l’appui, les bienfaits de la méditation de présence attentive sur notre métabolisme, notre psychisme, la société au sens large ! 

Concrètement, pour reprendre les mots de Jon Kabat-Zinn1, la méditation de présence attentive, « bien qu’étant le cœur de la méditation bouddhiste, est une pratique universelle qui mène à la libération de la souffrance. Cette méditation n’a rien a priori d’extraordinaire ou de spécial. Mais en réalité, elle l’est, parce qu’elle nous transforme incroyablement. Elle nous permet d’accéder à des parties ignorées de nous-mêmes de manière spontanée, chaleureuse et neutre. C’est une façon d’être et non une technique. Elle consiste simplement à prêter attention à ce qui se passe dans votre vie, afin de ne plus passer à coté d’elle. À laisser les choses être ce qu’elles doivent être. Il s’agit de considérer que votre existence est réellement importante, d’« entrer en amitié » avec tout ce qui se présente à vous, tout ce que vous avez à vivre, sans chercher à le modifier mais en l’accueillant simplement, sans jugement. Quand celui qui pratique vit son existence comme si elle lui importait vraiment, alors, son entourage, sa famille, l’ensemble de la société sont inclus dans ce processus. La méditation est à la fois une pratique personnelle et universelle, et impersonnelle et particulière. » 

Il y a plein de manière de pratiquer, de s’entraîner à cet état de « présence attentive » – comme disent les Canadiens. La respiration en pleine conscience du souffle, bien sûr. Mais aussi la marche en présence attentive. Le « body scan », ou balayage corporel, qui consiste à apprendre à écouter son corps, ressentir comment nos émotions, positives ou négatives, se manifestent physiquement. Et toutes les pratiques dites informelles… depuis le lever jusqu’au coucher, il y a mille et une manières d’être pleinement présent et attentif: manger, échanger avec quelqu’un, écouter les oiseaux dans la rue, prendre conscience de l’environnement sonore – « écouter est un art », disait Goethe – et des émotions quand elles surgissent, bonnes ou mauvaises, agréables ou désagréables.    C’est une idée assez révolutionnaire, en vérité.

On ne cherche pas à s’améliorer, ni à se transformer, car l’état auquel on souhaite accéder est déjà là, déjà en nous. Il faut juste apprendre à entrer en intimité avec lui. Atteindre le fond du lac, savoir écouter le murmure de la rivière, en-deçà du grand flot de la vie et des émotions passagères, qui ne sont que nos propres réactions au fil des choses.

Pour ma part, ça a été un bienfait énorme que d’apprendre à ne plus subir mes émotions. La méditation de présence attentive m’a appris à moins être victime de mes propres schémas de pensée. Nous sommes tous prisonniers de nos constructions mentales qui nous poussent à des réactions réflexes, incontrôlées, qui peuvent être néfastes. Gagner en stabilité et en sérénité permet de ne pas se perdre (au sens de se fourvoyer) face à l’illusion et la confusion, qui sont deux des « feux de l’esprit », deux des perturbateurs les plus puissants de notre quotidien submergé d’informations et de stimuli.

J’apprécie mieux les bons moments, et je me laisse moins dérouter par les mauvaises nouvelles ou les pires épreuves, comme ce fut le cas avec le décès de mon père.