La lettre de gratitude

Ce roman, bien que pure fiction, trouve aussi ses racines dans mon propre cheminement, mon parcours méditatif, et celui des dirigeants.es que j’accompagne. Dans ce cheminement, la lettre de gratitude est un point central. Presque un point de bascule.

C’est l’aboutissement d’un long processus – apprendre à ressentir dans son corps d’abord, et puis à exprimer ensuite, par écrit, sa reconnaissance envers la vie. Les cadeaux que l’on a reçus – du cosmos, du destin ou du hasard. Des choses fondamentales et structurantes (la santé, l’amour…) ou en apparence plus anodines. Les bienfaits de nos proches. De notre famille. (De nos parents bien sûr – même dans le cas où l’on ne s’entend pas avec eux. Ils nous ont donné la vie. Ils nous ont transmis la force, l’amour, ou l’envie de les oublier – il faut être conscient de cela. Reconnaissant.) L’amour que l’on reçoit et que l’on a la chance de pouvoir donner. Les moments de partage. Les moments de magie – un oiseau qui vient boire une petite flaque sur le rebord de la fenêtre. Un rayon de soleil furtif qui traverse la pièce – la chance que l’on a de pouvoir être témoin de cela. C’est la base de la lettre de gratitude. Je l’ai pratiquée moi-même, après des années de méditation, et je fais faire l’exercice aux personnes que je (dé)forme. Et dans mon cas comme dans le leur, c’est fou de voir à quel point la gratitude est un outil puissant – pour générer plus de sérénité, de mieux-être.

On a souvent tendance à être très dur avec soi-même, très exigeant, impitoyable. C’est encore pire chez les dirigeants.es, les high achievers, artistes ou sportifs. Toujours engagés à 150% dans une quête du toujours plus et du toujours mieux. C’est rarement productif, voire très destructeur. Et c’est souvent au service de causes « externes », qui n’ont pas forcément grand-chose à voir avec notre propre vérité. On peut ainsi complètement passer « à côté de sa vie ». Au sens où on peut ne jamais prendre la mesure de la chance que l’on a – d’être en vie, aussi fragile et dérisoire soit-elle. D’être sur cette terre – aussi fragile soit-elle. Comprendre le cadeau incroyable qui nous est fait. Le miracle de chaque seconde.

Atteindre ce sentiment de gratitude envers la vie, c’est en fait la première étape. Mais c’est la valeur ultime. C’est alors que l’on ne passe plus « à côté de » sa vie mais qu’on comprend qu’il faut la vivre, vraiment, pleinement – ce qui ne veut pas dire la remplir à ras bord de choses inutiles. Mais l’honorer. Promets-moi de vivre, le titre du livre, a un double sens. C’est évidemment « promets-moi de ne pas mourir », mais c’est aussi « promets-moi d’honorer la vie jusqu’au bout », parce qu’elle est toujours plus belle que la mort. Toujours. C’est une promesse que je me fais à moi-même, en fait. Et que j’encourage chacun à se faire à soi-même.

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@Photo : Wilhelm Gunkel