Emerson / la sérénité

« La sérénité n’est pas d’être libre de la tempête mais de trouver la paix dans la tempête. Ce qui est derrière nous et ce qui reste à venir sont des questions minuscules, comparé à ce qui est à l’intérieur de nous. »
Ralph Waldo Emerson.

J’adore cette phrase – tellement puissante, tellement bien formulée, tellement essentielle pour quiconque est engagé dans une démarche d’accomplissement, de cheminement !

Emerson, c’est un des grands philosophes américains du début du 19e siècle, un des « panthéistes » qui voyaient dans la Nature la manifestation d’un pouvoir ou d’une intelligence divins, inséparables l’un de l’autre. Je ne suis pas du tout un spécialiste de son œuvre, mais je suis tombé sur cette phrase au fil de mon cheminement méditatif et elle m’a frappé de plein fouet. En peu de mots, elle exprime notre rapport au temps, mais aussi le rapport entre ce qui est en nous et hors de nous.

Ce rapport entre l’intérieur et l’extérieur est fondamental : il faut apprendre, avoir le courage de regarder à l’intérieur de soi pour trouver les solutions aux tempêtes que l’on traverse.

Quand on est au cœur du maelstrom de la vie, on peut chercher désespérément à s’en échapper, chercher de toutes parts des remparts extérieurs, des solutions illusoires – illusoires parce que de toute façon, la tempête est là. Ou alors on peut plonger au cœur de soi et trouver des espaces de force, de sérénité, de sagesse, de stabilité – d’extrême bienveillance pour mieux accompagner nos douleurs, nos affects négatifs – les tempêtes qui nous assaillent parfois. En pratique méditative, on a cette image du « fond du lac » qui est très utile, très puissante pour générer de la sérénité : on s’imagine soi-même comme un lac, et en surface le lac est agité, ballotté par le vent et les saisons, il y a des remous, des vagues, des pensées toxiques, mais si on plonge vers le fond, on va trouver les espaces paisibles de sagesse et de stabilité qui nous fondent et qui, eux, sont immuables, non-affectés par ce qui se passe en surface.

Et puis il y a la deuxième partie de la phrase : le rapport au temps, qui paralyse tellement de personnes. Il y a une phrase de Flaubert qui dit la même chose : « Le passé nous retient, le futur nous effraie c’est pour ça que le présent nous échappe. » C’est la même idée : si on se base trop sur l’anticipation souvent anxiogène du futur, ou si on s’enferme dans la conviction que notre passé nous définit, ou encore si on passe notre temps à regarder dans le rétroviseur et à regretter ce qui n’est plus, on s’échappe du présent. Or c’est le seul moment qui compte, le moment le plus riche, le seul de vérité ! Seul l’instant présent est vivant, puisqu’on est certain qu’il ne se reproduira plus jamais.

Et ça rejoint l’idée de la tempête – et c’est là le génie d’Emerson : c’est encore en regardant à l’intérieur de soi que l’on trouve la force de ne pas paniquer face à ce temps linéaire qui glisse et nous échappe. C’est à l’intérieur de soi que l’on trouve la force et la stabilité.

On revient à la méditation et à la contemplation : apprendre à regarder, contempler, accueillir et accepter ce qui est déjà là en nous, qui nous permet de mieux traverser la tempête mais aussi de mieux savourer le soleil qui vient après la tempête.

J’ai écrit Promets-moi de Vivre pour inviter, encourager chaque lectrice, chaque lecteur à faire ce chemin et à trouver la sérénité à l’intérieur de soi – face à l’inexorable finitude, face aux tempêtes de la vie. On l’a tous en nous.

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@Photo : Kalen Emsley